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Mathieu et son Ironman de Nice

Ci dessous le récit drôle et émouvant de Mathieu Vernardet finisher dans la douleur de l'Ironman de Nice :

 

J+1... T'as déjà vu marcher un petit vieux à déambulateur, sans déambulateur ?  

 

Sinon, hier, reveil 3h50, petit dej' gateau sport, beurk, café mais pas trop, ça peut avoir quelques revers pervers pour la digestion, et un peu de muesly chocolat pour le goût.

5h30, on est dans le parc à vélo, ça sent le pur sang et la crème solaire, les corps s'enduisent de vaseline, les combinaisons s'enfilent. Le pauvre qui habite là, dans son bel appart à quelques millions, j'espère qu'il est en vacances, car la sono est déjà à fond, les 3 animateurs ont la voix déjà au top !  

6h, fermeture du parc à vélo, lente procession vers la plage de robocops mal réveillés, 10 %  ici pour un temps, 90 pour un t-shirt. La pression monte, la sono aussi, la marseillaise retenti acapela par quelques jeunes, on est à Nice, 1 an après, puis on s'applaudi, on cri, dernière accolade aux collègues, corne de brume... On cours plonger dans la grande bleue, comme si on etait à 5 secondes près ! 

Premiers tour de bras, je ne me suis évidemment pas échauffer,  j'ai quelques heures pour ça, je ne sais pas encore à quel point. Ils tournent bien, je prends un rythme peinard style reveil musculaire, regarde le soleil qui se lève sur la baie des anges, j'essaie de profiter...mais comme elle est salée, poâ, pas bon. Première boucle nickel, début de la seconde, la houle m'ennuie, les bras accrochent quelques vagues, c'est long 3800m... Dernier virage, viser l'arche jaune tout au bout là bas, bien respirer, et sortir de l'eau pour partir visiter un peu.

Ouf les pieds touchent les galets, Sophie est là, les pieds dans l'eau, première ligne, je ne sais pas comment elle a fait pour être si bien placée, un sourire, un bisous, une petite douche pour me dessaler, dommage que je n'est pas le temps de le faire comme une morue !  Changement, et j'enfourche mon vélo.

20 premiers km tranquilles, plats, pas trop de vent, je mange, je bois, je regarde, ils ont vraiment fait n'importe quoi niveau betonnage de la côte, mais c'est un autre sujet. Premier ravito, bien boire avant le premier coup de cul. Allez Olivier, bonne route...Mais c'est quoi ce coup de cul Fred, tu m'as dis qu'il passait bien !  J'ai pas les jambes, ou un ahuri a decidé de le retravailler pendant la nuit ? J'vais quand même pas le finir à pied ! 2 zigzag plus loin, ouf, fini, ma montre m'indique 182 pulses, je me suis promis de gérer en dessous de 150 ! Bon roule, respire, t'en verras d'autres. Ça roule, 30 bornes d'avalées, les jambes tournent pas mal non plus, vaux mieux, ça va se corser, je le sais, là j'ai repéré, 20km de montée... C'est parti, au cardio, tranquile, j'veux juste finir, pas besoin d'aller titiller l'aiguille. Des fous mauvais nageurs me double dans un monde parallèle, à fond. 5km, bien, 10, nickel, 15, trop façile, et sympa la traversée de Gourdon, ça chante, cris applaudi, version tour de France, 16, bien, mais il est où le vent qui refroidissait un peu, 17, c'est quoi ces étoiles, j'vois tout blanc, j'avance plus !  Putain, au secours coup de chaud en vue, vite, de l'ombre, STOP, verse tout ce que tu trouves sur ta tronche, 4 bidons sur le vélo, je les verse tous, boisson énergétique avec surdose de sels mineraux, m'en fou, mes cheveux vont adorer ce shampooing, verse, verse, et repart tranquile, tout doux, dans 1km on tourne la bise sera là... Ouf sauvé, j'enlève une dent, reprends un rythme plus clean, plus que 2 bornes... Allez Mr en orange, repart, dans 1km ça se calme...il me remerciera à 23h en récupérant son vélo, m'avouant qu'il était au bord de l'abandon. Tiens pour lui c'est fini, couché auprès de la croix rouge, en feu. Yes moi, c'est ce foutu col que je termine, reste 110km, mais la moitié en temps, vivement le ravito, j'ai soif, mais plus rien depuis mon masque de cheveux. Le voilà, je remplace 4 bidons vides par 4 pleins, et c'est répartis...

On fait des montagnes russes, se double, se redouble, et voilà la première descente...10km, pas trop pentue, là, faut bien que mon quintal serve à un moment donné, je ne l'ai pas pris pour rien, je double, sans un coup de pédale. Je récupère car voici la seconde bosse, 6,5km, interminable, mais pourquoi tant de haine ? Pfou, c'est long, mais c'est long ! Ravito, fin du col, 10 bornes plates, je peux envoyer un peu pour le plaisir, je suis resté raisonnable pour le moment, trop, je roule trop doucement, alors faut profiter un peu des portions favorables, le cut est à16h de course, et je veux mon t-shirt. Allez, dernière bosse 1km, 10 % , plus rien dans les chaussettes, et en plus je pédale toujours sans ! merci messieurs les pompiers pour la douche. Enfin 20km de descente, je reprends du monde, sans rien faire, juste en étant concentré. Le paysage à l'air joli, mais pas le temps de regarder. Ouf en bas, on reprends la route de ce matin, c'est marrant, elle est moins dure la côte de 500m dans ce sens là !  Mange, bois, euh tant pis, mange pas alors si tu n'y arrives pas, mais bois ! Retour sur la promenade, c'est long dis donc !  Long, très long !  Ça va être dur le marathon, dur, très dur ! En même temps, je le sais, je suis près. Coucou à Sophie à 500 m du parc, je descends du velo, j'ai plus de fesses, mal au dos, mais les jambes me tiennent bien. Rechangement, qu'elles sont dures à mettre ces chaussettes de compression, lunettes ou pas ?  Non, trop chaud, je ne veux rien de superflu, je courrai dans le flou. Ravito, de l'eau sur la tête et... Bisous à Sophie. Oui ça va, j'ai chaud, j'suis déjà bien entamé, mais j'vais le faire, à toute. Je demande l'heure, 15h45, Quoi ! J'suis si lent ! M***e, le cut, va falloir aller le chercher, si je cours comme à Zurich, j'ai 10 minute de marge seulement ! 

Mais il est où le vent qui nous genait en vélo, c'est quoi ce soleil, j'ai soif, j'ai chaud, autour de moi, ils sont tous trempés !  Ah bas oui, bonne idée, une douche, oua, c'est bon. Tien, un p'tit pipi me gêne, les toilettes sont là-bas. J'y cours, zut y'a la queue, 4minutes de perdues connement, plus que 6 d'avance, mais c'est quoi cette chaleur ?  Pfuuut, c'est long 5,250km, il arrive ce demi-tour ?  Oui, bientôt, et tu verras, au retour t'as le vent de face, c'est trop bon... Zut j'ai parlé à voix haute sans m'en apercevoir, et le bresilien du début du vélo avec qui j'avais parlé m'a repondu, il a un semi d'avance sur moi. Demi tour, du vent, Ah !  oui c'est bon, j'ai chaud mais çe devient supportable, ravito, sourires, courir, marcher le plus tard possible, ravito, sourire, finalement ça va le faire, j'suis pas si mal, ravito, sourire, Sophie, premier tour, demi tour... Drame ! plus de vent, chape de plomb sur la tronche, surchauffe, je comprends les tentes de la croix rouge pleines... Putain, ça va pas recommencer, j'vais pas finir une perf au bras...j'ai plus de bidon de boisson énergétique pour la tronche ! Sophie me sourit, je pleure, comme ça, craquage, trop trop chaud cherie, desolé, raconte moi n'importe quoi, comment vont les enfants ? Si je vais abandonner ? Aie la question que je refusait de me poser... Et la reponse hyper claire que je ne te dirais que ce soir : non, une perf, c'est pas grave, au pire je fini sous la tente... Je te dis juste : non ma puce pas envie, juste un coup de fatigue. Je repars, j'ai regardé ma montre au tour précédent, dans 700m la douche, allez, la douche, la douche, oui la douche j'y reste une éternité, au moins 3 minutes, c'est bon. Ravito sourire, je cours, avec le temps gagné sur le retour précédent, si je ne m'effondre pas, ça peu passer. Allez, je marche un peu, reellement trop chaud, je vais gérer l'aller, je ferai mieux au retour.

Demi tour, je cours, et reprends ma valse à 3 temps, courir, ravito, sourire. Le vent fait du bien vraiment. Ça va, j'ai mal aux pieds, normal, je cours comme un papi le dimanche matin sur la croisette, j'me suis juste trompé de promenade, je cours. Sophie, je lui souris, je me force, mais je sais que ça fait 1h30 qu'elle doit avoir peur, bisous, je lui demande si la mère Michelle a retrouvé son chat, pourquoi ? Sais pas. Semi fini 2h51. Ça commence à sentir bon, et pas le coup de massue du tour précédent, il fait chaud, mais le soir faisant son office, c'est supportable. Sophie, bisous, sourire, pas de douche, ravito, sourire, marche, course, ravito, sourire, je crois que rien ne se passe d'autre dans mon crâne. Tiens, me fais chié à courir, et lui, il est dans son dernier tour, il me double...en marchant !  J'dois pas courir vite ! Demi tour, je marche avec une hollandaise, on fait nos calculs, reste 16km et 3h...en marchant ça passe. Ouf, c'est con, mais d'un coup ça me parait moins long. Je recours, le vent de face rafraichit bien, le soir aussi, je referme ma combi. Allez Olivier, plus que 8 bornes. Sophie, bisous, dernier tour, cuit, de plus en plus me double en marchant, alors je marche aussi, la moitié de l'aller,  feignasse va. Allez Olivier, plus que 2 bornes, profites. Demi tour, on est de moins en moins nombreux, mais de plus en plus solidaires. Sympa ces derniers km. Ravito, merci pour vos sourires, courir, quand même, pour finir. Des bravos de badauds sur la promenade, pourquoi j'ai pas pris mes lunettes, je n'arrive pas à voir l'arrivée de nuit. C'est long quand même, allez arrête de râler, you did it. Tiens, j'ai mal partout, je sens mon entrecuisse brulée, mes epaules avec de gros coups de soleil, mes plantes de pieds en feu, mais je souris, sans me forcer, reste 500m et enfin, je prends du vrai plaisir, des enfants tendent leurs mains pour faire des checks, puis des adultes, je tape des tonnes de paluches, le son monte... 

fin du tour, je ne tourne pas à gauche mais à droite, la finish line... des mains, des cris le DJ : Mathieu You are an Ironnnmmmmaannnnn, accolade, passage sur la ligne, grand sourire, et... Plus rien, à terre, je suis mort, heureux mais épuisé, non merci madame, pas besoin de quelqu'un, juste de recup 5 minutes. Une main se tends, me relève, oui, je te reconnais, on a passé 3' de douche ensemble il y a une eternité. 

Merde !  Sophie ! Sophie, dans mon euphorie je l'ai zappé, pas vu à l'arrivée. T'es là, pardon, pardon ma puce, et merci, bisous.


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